ectoplasma
Année 1980.
j'ai huit ans, j'ouvre les yeux, je suis dans mon lit, il fait nuit, il fait noir, une ombre me regarde, immobile .
Je suis pétrifié, je n'ose bouger de peur qu'il me voit, je suis au milieu de mes avatars, ours en peluche et poupées de chiffon.
Ma tête parmi tant d'autres reste figée, de peur qu'il me voit, je respire à peine.
Il est là, au bout de mon lit, une silhouette sombre d'homme, un tison rouge en bouche, un mégot de cigarette qui fume, je ne vois pas son visage, il fait trop sombre, il ne bouge pas et m'observe, j'ai peur... Vraiment peur ! Comme si j'allais mourir.
D'un coup tentant l'effet de surprise, je bondis de mon lit et cours jusqu'à la chambre de mes parents, comme si j'avais la mort au trousse.
Je saute sur ma mère endormie, la peur au ventre lui expliquant qu'il est là au bout de mon lit dans ma chambre, je ne sais pas ce qu'il veut, elle me rassure, va dans ma chambre, allume la lumière...Personne, Rien.
Je reste contre ma mère, elle s'endort, je suis toujours terrifié, je ferme les yeux...Les ouvrent.... Il est là, multiplié autour du lit, une dizaine de silhouettes sombres me regardant, tison rouge en bouche, j'ai peur et n'ose bouger, je reste de longues minutes à les regarder, immobile, petrifié.
Je réveille à nouveau ma mère, elle allume la lumière et rien...Je ne le verrai plus jamais ....Mon oncle que je n'ai jamais vu est mort ce jour là, mort d’avoir trop fumé, il avait prévu de venir me voir ...
Depuis ce jour, je suis à la recherche de ce qui vibre encore, des miettes d'espoir imperceptibles, des “autres” que personne ne voit...
Cette série photographique est une errance poétique à la recherche de cette lueur, d'une âme qui brûle encore dans la lumière du noir, un signe, un éclat, un trait lumineux de beauté sauvage sur un mur de noirceur, un pavé humide que personne ne voit, un signe de cet ectoplasme disséminé dans l'espace et dans le temps.